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méthodologie

Articles de presse

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2023 | une ville imaginaire en exposition à la baraka | charente libre | 06 octobre 
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2023 | penser comme une montagne | art press | n°513 | jeanne mathas
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2023 | férale, réensauvager l'art pour mieux cultiver la terre | actes sud | charlotte cosson
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2023 des oeuvres qui renouent avec la nature | la montagne | 26 avril

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2023 | finale | beaux arts de paris éditions | texte de anne-laure peressin
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2023 | suspension | bozartistes | 01 mai
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2023 | le très grand accueil | château de goutelas
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2022 | finale | beaux arts de paris éditions | texte de charlotte cosson

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2022 | exposition « le métier de vivre » : un manifeste pour une union des arts | idéat | par emma pampagnin-migayro | 22 avril
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2022 | exposition « le métier de vivre » aux palais des beaux arts de paris  | milk décoration | 14 avril
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2021 | sarah laaroussi et matteo magnant des beaux-arts de paris à thiers | la montagne | 18 février

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2020 | musée du monde en mutation
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2020 | la petite fabrique | cnap 
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2020 | ukayzine | m.babandisha & n.villanueva linares

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2019 | une autre réalité | l'alsace | 06 juillet

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2019 | les scènes furtives | fériel boushaki 
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2019 | paris x berlin | catalogue paris | galerie du crous 
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2019 | raspberry tree, permormance de f.vasquez y s.laaroussi | revista lupita 

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2018 | les anciens du centre michel serres prennent la parole #n°1 sarah laaroussi 

sélection de textes

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Récemment diplômée des Beaux-Arts de Paris, Sarah Laaroussi remonte l’histoire de l’humanité pour trouver les formes et les expériences qui nous ont forgés en tant qu’humains. Elle s’intéresse pour cela aux pratiques artisanales et à l’intelligence collective qui remettent en question nos habitudes de consommation et les formes de production standardisées des objets qui nous entourent. L’artiste investit le hall d’accueil du Château de Goutelas, espace de circulation et de rencontres, mais aussi de jeu social où elle souhaite infléchir une nouvelle appréhension du lieu. En immersion sur le site, Sarah Laaroussi conçoit et réalise une pièce végétale énigmatique. Placée au centre de l’escalier du château, elle prend la forme d’une colonne de foin tressée, hirsute et odorante, qui contraste avec l’austérité minérale environnante. Constituée d’herbes séchées, sa silhouette irrégulière semble gonfler ou vaciller. 

Sophie Auger-grappin, directrice du centre d'art le creux de l'enfer - écrit dans le cadre de l'exposition penser comme une montagne, 2023

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Lorsqu’on découvre le travail de Sarah Laaroussi, c’est un amoncèlement qui s’impose: de gestes, de photographies, de pierres gravées en réceptacle, de plantes séchées, de vin, de fruits, de nourriture parfois gagnée par les moisissures ... S’y rencontrent des objets construits à partir de matériaux industriels abandonnés et de bois naturel, des réparés, d’autres reproduits pour en réapprendre les techniques et d’autres inventés pour faire lien entre les humains.

Dernièrement, ces outils ont souvent été pensés et produits avec son compagnon, Matteo Magnant ; des amis et parents se sont également joints à eux afin de participer à la gigantesque installation aux Beaux-Arts de Paris Le Jardin d.é.s.espéride.s de Jean.s.

Cette logique d’accumulation a trait à la mémoire – celle que l’on perd – mais également à l’urgence de sauvegarder.

À la lecture du titre des œuvres de Sarah Laaroussi, l’intime conviction d’être en présence d’une poète s’impose.
Une poètesse qui s’appellerait parfois Jean Sauvage, vivrait dehors pieds dans la terre, et essaierai chaque jour de faire, malgré les doutes et les impossibilités. Car ses titres sont performatifs ; ils jaillissent d’un désir d’être connectée à tous, à toutes, au tout. J’ai laissé de la terre sécher au fond des seaux pour fabriquer des assiettes. J’ai fait germer des oignons pour me rappeler que nos aliments sont des plantes. Sarah Laaroussi reproduit des gestes pour comprendre l’humain ; produit des œuvres pour se relier à eux. Pour son oral d’entrée aux beaux-arts, elle a malencontreusement renversé la terre qui emplissait une valise avant de demander aux membres du jury de l’aider à la remettre dedans. Acte de rassemblement, de mise à terre des hiérarchies et des supériorités – acte d’amour de ce qui est. Pont jeté, également, vers ses grands-parents qu’elle n’a pas connus – mais dont les inconscients de métayers d’une part, paysans et ouvriers marocains de l’autre planent sans doute telles les figures tutélaires de sa pratique. L’artiste tisse son œuvre avec ses ancêtres invisibles ainsi qu’avec d’autres vivants, par petites touches subtiles.
Peut-être est-ce cela être humain finalement : accepter humblement de n’être ni maître, ni possesseur, mais enfants apprenant de ceux qui, avant nous, ont permis la vie : bactéries, plantes, aïeuls... Sarah Laaroussi, avec son espoir en l’humanité et son habileté à trouver des alternatives, offre la force de continuer à faire ensemble – dans la joie.

Charlotte Cosson, Historienne de l’art et critique _ écrit à l'occasion de l'exposition personnelle le Jardin d.e.s.espérid.e.s, 2021

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Sarah s’intéresse aux pratiques artisanales et à l’intelligence collective. 

Elle navigue pour cela entre plusieurs postures : 

  • l’observation associée à une démarche anthropologique qui lui permet de capter les signaux faibles et de les rendre visibles, 

  • la facilitation en pensant et concevant des ateliers participatifs permettant d’inclure les parties prenantes et les faire parler de leurs débrouilles quotidiennes,

et elle traduit ses captations en formes au cours de ces diverses expérimentations.

Pierre Montel, spécialiste dans le développement de formations en développement durable

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Passage 1 :

Une jeune artiste, tout aussi engagée pour la biodiversité, réalise des performances dont les descriptions forment à elles seules poésie : Sarah Laaroussi. En 2018, elle réalise _graines volantes_, une performance qu’elle décrit ainsi : « J’ai lâché des graines volantes pour qu’elles volent et viennent germer dans les recoins de la pièce. » En effectuant ce geste, Sarah transpose dans un espace d’exposition celui des activistes écologiques qui lancent des « bombes à graines » dans les champs, les rebords des routes ou les interstices entre les pavés - souvent afin que se développent des fleurs mellifères, c’est-à-dire produisant un nectar dont les abeilles se servent pour produire leur miel.(fn) Une façon de contrebalancer une (petite) partie des conséquences terribles de notre société sur la biodiversité. 

 

Passage 2 : 

Cette question de la production des œuvres ouvre la question des modes d’existence, de subsistance et d’être au monde : comment on se nourrit, on se loge, on meuble nos quotidiens. Des artistes comme Sarah Laaroussi, Aurélie Ferruel & Florentine Guédon, Natsuko Uschino ou Ines Panizzi que nous avons déjà mentionnées, semblent penser de manière circulaire la totalité des champs de l’existence : du nourrir au vêtir. S’il a déjà été question de plusieurs œuvres d’art qui offraient une récolte, d’autres incitent au contraire à prélever soi-même. Sarah Laaroussi qui, on s’en souvient, aime « donner l’idée », a ainsi, pour son diplôme de DNAP aux Beaux-Arts de Paris en 2018, créé un jardin comestible avec des plantes qu’elle a fait pousser, du fromage frais, du pain qu’elle a cuisiné, des bières maisons et des plantes grasse puis « enfermé les gens dans (ce) bunker-jardin pour qu’ils mangent ce qu’ils ont cueilli et respirent le même air ». Alors que la société de consommation a conditionné les citoyen.ne.s à répondre automatiquement à un besoin par un achat, cette artiste réactive la notion de gratuité. 

 

Passage 3:

Sarah Laaroussi écrit de sa série photographique Les arbres qui nous regardent qu’elle a capturé les arbres qui, statiques, « contemplent nos folies, nos allers et venues, nos activités, pour imaginer un point de vue sur le monde qui ne serait pas anthropocentré. » 

 

Passage 4:

Les fungi semblent créer une attraction particulière pour cette nouvelle génération d’artistes dont l’intérêt se porte sur ce vivant. En premier lieu peut-être pour leur partie aussi comestible que, souvent, gratuite. Ainsi, Sarah Laaroussi, en inoculant du mycelium sur du marc de café, a « fait pousser des pleurotes pour les regarder grandir et les cuisiner » en considérant ce geste comme un cadeau artistique à offrir au monde. 

 

Passage 5:

De jeunes artistes semblent aujourd’hui se réapproprier les codes de l’art de la maintenance à la suite de Mierle Laderman Ukeles. « Pour la résidence Artbnb, j’ai échangé d’appartement avec un inconnu pendant un mois, et ai tout rangé, nettoyé, réorganisé pour qu’il vive dans une oeuvre d’art (et s’y retrouve un peu plus dans ses affaires). » ; « J’ai fait de la soupe à l’oignon pour que les gens pleurent ensemble et soient réconfortés. » ; « J’ai fait un distributeur de bons points pour que les gens se servent. » ; « J’ai fait un téléphone (en pot de yahourt) pour que les gens communiquent. » ; J’ai accueilli les invités en accourant et en leur criant «bienvenue» dès qu’ils entraient, pour que tout le monde se sente partie prenante de l’exposition. » ; « J’ai proposé à des gens qu’ils s’époussettent pour qu’ils se débarrassent de ce qui les gène. » ; « Avant leur performance, j’ai habillé, placé et pris soin des performeuses, pour que tout se passe bien après leur long sommeil de pierre. » ; « J’ai donné mon numéro pour que les visiteurs m’envoient leur bonheur du jour, pour les afficher aux yeux de tous, et constater que ça correspond pas forcément à ce que j'observe sur les réseaux sociaux. » ; « Avec Felipe on a bercé les phasmes jusqu’à qu’ils s’endorment. » voici quelques explications de performances de Sarah Laaroussi qui mettent le soin au cœur d’un art restoratif des liens entre humain.e.s… ainsi qu’entre les humain.es et celleux qui les entourent. 

Charlotte cosson, in Férale, éditions actes sud

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Sarah invite à la convivialité notamment grâce à l'installation de scènes rudimentaires, faites de matériaux naturels, réinterogeant le contenant, le contenu, l'énergie, le mouvement ou bien encore l'espace affectif.

Eddie Bouakkaz, designer et commissaire - écrit à l'occasion de l'exposition collective Super_position, 2019

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Dans une ambiance rétro futuriste à l’odeur de bois et d’acier, des poutres de soutènement semblent maintenir les murs en prévention d’un effondrement. Au-delà d’une portée critique sous-jacente - celle de l’institution qui ne tiendrait plus debout -, Matteo Magnant développe une réflexion sur le “faire” dans notre société. “Faire” de l’art ? “Faire”, pourquoi et comment ? Intéressé par les savoir-faire artisanaux et les métiers oubliés, l’artiste cherche à rendre visible l’existence d’une culture, ordinaire, d’expérimentation matérielle et technique : celle du bricolage.

Outils rudimentaires (étau, pince…), matériaux bruts récupérés (tôle d’acier, bois…) et systèmes d’accroche (rivets…) composent sa matière à penser autant que sa matière à “faire avec”. En ce sens, la démarche de Matteo Magnant pourrait s’appréhender comme celle décrite par Claude Lévi-Strauss à propos du bricoleur : “la règle de son enjeu est de toujours s’arranger avec les « moyens du bord »”. Si l’économie de moyen dans la création est éminemment politique, Matteo Magnant se joue aussi de l’économie du sens : il détourne avec humour certains outils - hache, rouanne et marteau - pour les rendre faussement pratiques, voire inutilisables, et donc déplacer le sens purement utilitaire et fonctionnel de l’objet vers une nouvelle définition. Dès lors, ces outils pourraient être uniquement perçus comme des oeuvres d’art à contempler.

 

Autrement dit, l’outil qui construit l’ouvrage construit aussi la pensée, et par conséquent, l’artiste-bricoleur est également un constructeur (de la construction de la chose à la pensée constructive). En témoignent encore les sculptures totémiques dont la tôle a été façonnée en volumes par la seule force du corps de l’artiste, sans avoir recours à une quelconque machine. Ce geste quasi-performatif interroge les mécanismes de tout acte créatif dans le “faire”, le savoir-faire, le “faire avec” et aussi le “faire sans”. L’approche est davantage déductive et déprogressiste que savante et productiviste où la résistance du corps s’adapte à la résistance du matériau. Ces recherches d’équilibre et d’autonomie dans le “faire” s’inscrivent peut-être, aussi, dans une volonté plus personnelle d’un retour aux sources. En effet, l’étymologie du nom de l’artiste, Magnant, signifierait “chaudronnier ambulant”... Un patronyme qui incarne un savoir-faire artisanal oublié, néanmoins actualisé sous les mains de l’artiste. 

Anne-Laure Peressin, critique d'art et écrivaine - écrit à l'occasion de l'exposition Tenir les murs, 2022

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